Une activité diplomatique intense autour du Liban.
L'Iran, l'Arabie Saoudite Saoudite et la Syrie discutent pour trouver une "issue honorable" à la crise libanaise.
Les uns sont pro-occidental les autres anti. N'empêche que ces nations se substituent aux Libanais eux-mêmes. La décision d'un liban souverain est sous curatelle.
Les pressions exercées par l'Iran et l'Arabie Saoudite ont abouti pour le moment. Mais à quoi, me direz-vous ?
Le danger imminent et qui hante les esprits est une guerre entre sunnites et chiites. Il fallait coûte que coûte éteindre ce feu avant que l'explosion ne soit généralisée. L'ambassadeur saoudien au Liban a presque imposé les rencontres bilatérales entre Nabih Berri et Saad Eddine Hariri.
Me viennent cependant à l'esprit quelques interrogations sincères et sommes toutes légitimes .
Le bloc du 14 mars s'articule entre 3 personnalités : Saad Eddine, Samir Geagea et Walid Joumblatt.
Le bloc de l'opposition est plus disparate, toutefois avec 2 composantes essentielles, le tandem Berri-Nasrallah et le courant patriotique du Général Aoun.
Ma première interrogation est la suivante : La solution à la crise libanaise intéresse-t-elle exclusivement d'un côté les sunnites et de l'autre les chiites ?
Ma deuxième interrogation est de savoir si M. Berri est habilité à discuter au nom de toute l'opposition et M. Hariri au nom de l'ensemble de la majorité ?
La troisième interrogation est de savoir quel rôle aurait pu jouer ces puissances régionales si les prémices de cette guerre larvée frappaient exclusivement les chrétiens du Liban ?
La quatrième interrogation serait de savoir si à l'instar du funeste accord de Taef en 1990, l'Arabie saoudite, avec la bénédiction des USA embourbé en Irak, n'est pas en train de nous proposer pour imposer un remake de cet accord. Les prérogatives du Président de la république, déjà fondu comme peau de chagrin depuis 1990, ne sont-elles pas en train de disparaître réellement au profit d'un Premier Ministre tout puissant et d'un Président de Parlement omniprésent ? Comme c'est le cas depuis les gouvernements successifs entre 1992 et 2007 à l'exception de 1998-2000 et 2002-2004.
La cinquième interrogation serait de savoir si la crise libanaise intéresse tous les Libanais à quelque religion qu' ils Appartiennent, trouvant là même une solution à la hauteur de leurs espérances ? J'ai toujours lu et entendu que le Liban est une démocratie participative entre les différentes communautés, serait-il toujours le cas actuellement ? Où l'on dévierait rapidement et quasi inéluctablement vers une démocratie par le nombre ?
Ma dernière interrogation sous forme de réflexion concerne le dogme en vogue chez les ténors internationaux, régionaux et locaux. À savoir NI VAINQUEUR NI VAINCU.
C'est insulter notre histoire, ré-entérrer nos morts, faire fi du sacrifice de tant et tant de libanais, que de dire effaçons le passé et repartons avec ces politicards qui nous ont menés à la Déroute.
Un certain système politique voué à l'échec doit s'effacer et laisser place à l'émergence d'une nouvelle façon de faire de la politique,. L'appartenance à une nation, l'égalité dans les traitements, la justice pour tous, la vraie, la démocratie saine et constructive, une éducation nationale digne, seront les ciments d'un Liban à reconstruire. Oui il doit y avoir un vainqueur et un vaincu. Le vaincu sera forcément cet état de passe-droit, tous ceux qui pensent etre au-dessus de la loi, ceux qui ont agi tout en étant frappé de l'immunité de rendre des comptes à la nation.
Comment serait-il un jour possible de bâtir ensemble si notre justice n'est pas la même pour tous ?
Comment serait-il possible d'appartenir à la même nation si nos manuels d'Histoire nous apprennent deux histoires différentes ?
Comment serait-il possible de vivre en paix quand la paix est absente de certaines régions libanaises ?
Comment serait-il possible de faire confiance aux lois de la République quand certains sont au-dessus de ces lois ?
Autant les rencontres, Berri-Hariri, peuvent être louables pour l'avenir du Liban, autant j'ai peur que les solutions envisagées se fassent aux dépens des chrétiens du Liban.
À ce sujet-là me viennent à l'esprit toutes les accusations antérieures faisant du chrétien libanais un vassal de l'étranger. Force est de reconnaître que ce sont les deux composantes musulmanes, chiites et sunnites, qui se trouvent dans ce cas de figure.
Me vient également à l'esprit le refus du Patriarche Elias Houayek, refusant un Liban exclusivement chrétien, et demandant l'intégration de l'ensemble des communautés et des mohafazats (régions).
Dans l'état actuel des choses, il devient urgentissime que les communautés chrétiennes définissent un socle minimum de leur participation juste au destin de la nation. Un examen de conscience approfondi est nécessaire, un minimum de sagesse est requis, et tout égoïsme banni.
Il serait suicidaire de penser que la solution serait de colmater la brèche entre sunnites et chiites, la solution doit être élaborée et approuvée par toutes les communautés libanaises.
Actuellement la Constitution Libanaise est garante de l'équilibre confessionnel.
Pour le futur il serait bon de se battre afin d'abolir ce confessionalisme rampant, même si cela doit se faire par étape et s'étaler sur plusieurs décennies. C'est le plus grand service que l'on pourra rendre à nos enfants.
Réinventer un nouveau modèle socio-politique est une nécessité.
Savoir faire un audit sur l'expérience interlibanaise depuis l'indépendance serait de nature à nous guider vers un futur meilleur.