J'essaie souvent de décrypter, à distance, certaines déclarations et prises de positions, d'hommes politiques ou religieux. Ceci relève du parcours du combattant, tant les positions bougent.
Nous avons eu la surprise de voir le Partriarche maronite se rendre au palais présidentiel de Baabda. Il a rencontré longuement le président Lahoud. Mieux, ils ont cassé la croûte ensemble. Les relations entre ces deux personnages étaient conflictuelles, secret de polichinelle.
Il me semble que certains desseins se trament dans l'obscurité. Un faisceau d'indice est concordant, citons quelques-uns :
1- Les positions de Nabih Berri : il se range primo derrière le patriarche maronite dans le choix d'un nouveau Président et secundo il lance une mise en garde au Président Lahoud contre le recours à la formation d'un cabinet parallèle au gouvernement Siniora, et tertio il affirme que le Parlement libanais siégera le 25 septembre pour l'élection d'un président avec la majorité absolue, c'est-à-dire la moitié plus un.
2- Les positions de Walid Joumblatt : elles sont étonnantes tant la modération est son créneau du moment. Les frontières d'affrontement entre des puissances régionales et les USA sont-elles en train de bouger ?
3-- L'initiative de dialogue que souhaite proposer Saad El Dine Hariri aux parties de l'opposition . Pour en discuter, il serait évident que les réunions entre ce dernier et Nabih Berri reprennent. Mais il n'est pas du tout sûr que ces rounds de dialogue reprendront le programme élaboré par toute l'opposition.
4- La probable décision des ministres démissionnaires de reprendre du service avec comme motif officiel expédier les affaires courantes.
5-- les déclarations du Patriarche après sa visite au président Lahoud, constitue au néophyte que je suis, une surprise de taille. Le chef religieux, respectable et respecté, nous apprend que le président Lahoud n'a pas l'intention de former un gouvernement de transition, que le futur Président soit " ..... à égale distance de toutes les parties" (ce qui élimine les personnalités issues de la majorité comme de l'opposition), que l'élection se déroule en son temps, que le futur Président soit élu à la majorité absolue, que le tribunal international doit etre déclaré sous le chapitre sept en absence de consensus entre libanais.
Je me rappelle des déclarations faites par notre prélat il n'y a pas si longtemps. On apprenait qu'il serait une grave erreur que de déclarer le TI sous le Chapitre VII, que le quorum pour procéder à l'élection présidentielle est les deux tiers des députés, que la population chrétienne avait désigné son réel représentant. Personnellement je partageais ces points de vue, réalisme oblige.
Et là d'un coup de langue magique le Patriarche virevolte, modère certaines prises de positions et écarte des personnalités de premier plan capables de briguer la première magistrature. Et pour enfoncer le clou au cas où, le Prélat déclare que la "Constitution ne peut être changer en un clin d'oeil", allusions faites à la proposition du général Aoun de procéder à l'élection présidentielle au suffrage universel pour une fois. Quoique je sois défavorable à cette proposition dans les conditions actuelles, je trouve la réponse du Prélat légère et infondée. Les Turcs, confrontés au même problème, seraient-ils plus intelligents que nous en proposant justement l'amendement de la constitution ? Il me semblait, est-ce à tort, que la Constitution, toute Constitution, est écrite par des Hommes au service des Hommes. Il se peut que le Patrairche confondait Constitution et Evangiles.
Il est évident que le TI sera déclaré sous le chapitre sept des Nations Unis, il est néanmoins stupéfiant que ce soit le gouvernement de la Répubque Libanaise qui le demande. Un gouvernement légal et légitime demande l'application d'un Chapitre qui reconnaît sa propre faillite, et sans pour autant avoir la moindre des devoirs envers les citoyens, à savoir DEMISSIONNER. L'invention n'est-elle pas le propre de l'Homme ?
Je trouve que l'opposition au gouvernement Siniora est en train de battre de l'aile. Les positions jadis communes commencent à se disloquer. Il semble urgent de clarifier la situation, tant de cartes ont été brouillées ces dernières semaines, L'amorce d'un dialogue entre Téhéran et Washington y est certainement pour quelque chose.
Enfin comment pourrai-je ne pas être pleinement d'accord avec les déclarations du Patriarche Sfeir quand il annonce que le prochain président "doit être libanais au vrai sens du terme, ......qu'il ne s'enrichisse pas sur le dos du pays, mais qu'il le serve."
Le Général Michel Aoun, nul doute, en est la garantie.