Dans les heures qui suivent, les médias vont certainement dévoiler les déclarations de Olmert concernant la guerre au Liban. Dans l'attente je vous invite à lire un rapport présenté, il y a plusieurs mois, sur un site Internet, par Wayne Madison, actuel journaliste au "New Yorker", chargé de suivre les développements politiques de Washington, mais aussi les nouvelles de la "Security of States", dont il fut l'un des responsables, et de la CIA. Ce rapport fait suite à l'article publié par le "San Francisco chronicle", au début de la guerre israélienne contre le Liban et confirme ce que tout le monde savait déjà : "Le président des Etats-Unis, Georges Bush, et le vice-président, Dick Chenney, ont donné, il y a deux mois, donc en mai, à Israël le feu vert pour attaquer le Liban". Ce qui rend crédible cette information, c'est que son auteur fut le premier à parler de la prison d'Abou Ghraïb, en Irak, et des atrocités que les troupes d'occupation américaines y avaient commises.
Que dit en substance le rapport* ?
1) Il précise que l'agression contre le Liban fut planifiée par des responsables israéliens haut placés et des membres de l'administration de Georges Bush, les 17 et 18 juin passé, lors d'un congrès tenu à Beever Creek-Colorado par l'American Enterprize Institut.
2) La réunion de coordination qui avait eu lieu alors avait rassemblé, en plus du Vice-président américain, l'actuel Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, et trois ex Présidents du Conseil, Benjamin Netanyahou, Ehoud Barak et Shimon Pérès... Sans oublier le député Nathan Charansky...
3) Les deux parties en présence s'étaient mises d'accord sur le plan suivant : L'administration américaine actuelle donnerait toute l'aide nécessaire à Israël, afin que cet Etat puisse mettre en exécution le plan élaboré, depuis dix ans déjà, ( donc avant le 11 septembre) sous le nom "Clear infiltration" et parlant essentiellement des nouvelles stratégies en matière de "sécurité" dans le monde. Ce plan fut mis au point, entre autres, par Benjamin Netanyahou, Richard Pearle et Douglas Fith...
4) Ce plan constitue, en fait, la seconde étape qui doit faire suite à l'invasion et l'occupation de l'Irak. D'ailleurs, les deux plans ont été étudiés en même temps et ils stipulaient que le commencement doit se faire en Irak et qu'il sera rapidement suivi par des guerres en Palestine, au Liban, puis en Syrie et en Iran.
5) Pour exécuter un tel plan, deux étapes furent prévues : la première, préparatoire, d'une durée de quatre ans, prévoit "des activités secrètes de la part du Pentagone, de la Maison blanche et du Mossad à l'intérieur du Liban, dont des assassinats à la voiture piégée de responsables libanais haut placés. Le but : obliger les troupes syriennes à se retirer"... Puis, l'auteur du rapport cite trois noms de responsables : Elie Hobaïka (ancien ministre, passé de la direction des "Forces libanaises" aux Syriens, accessoirement le véritable bourreau de Sabra et Chatila), Georges Haoui (ex secrétaire général du Parti Communiste Libanais) et Rafic Hariri (ex Premier ministre du Liban). Quant à la seconde étape, elle comprend le bombardement puis l'invasion du Liban.
6) L'auteur du rapport dit que John Bolton, ambassadeur US à l'ONU, a dévoilé l'étape qui doit faire suite à ce plan dans une interview donnée à "Fox news". Il explique : "Je pense que si vous regardez le soutien de l'Iran et de la Syrie à des groupes tels que le Hamas, le Hezbollah et le Jihad islamique, vous saurez que ce ne sont pas les organisations terroristes qui auront à rendre compte de ce qui se passe, mais aussi les Etats qui les financent".
Ce type de propos permet de revenir, même rapidement, à tout ce que ce que tout le monde savait déjà depuis trois ans, concernant la guerre de Bush contre l'Irak, à savoir que cette stratégie élaborée éclaire le slogan de la "lutte contre le terrorisme musulman" comme prétexte pour imposer sa volonté à tous les peuples du Moyen Orient, après avoir utilisé pendant très longtemps celui de la lutte "pour la liberté et la démocratie" contre le Communisme "athée". Celui-ci étant mort, il était temps de retrouver un autre ennemi, partant du principe que le sentiment d’être en guerre est censé souder toute une population derrière son guide, surtout si celui part en croisade contre l’axe du mal.
On comprend mieux en quoi ce dernier conflit ne concernait en rien les libanais mais constituait une réponse face au hezbollah dont le but consistait non seulement à l’éloigner de la zone au sud du Litani, mais à lui faire perdre sa capacité opérationnelle qui lui procure son rôle d’acteur majeur dans la région.
Qu'en pensent tous ceux qui nous ont éxpliqués, à travers les cinq continents, que l'Etat d'Israel a le droit de se défendre ?
Seront-ils, encore et toujours, plus royalistes que le roi?
Affaire à suivre.
* traduction par Marie Nassif Debs