Un pas en avant et plusieurs en arrière. Ainsi se déroule devant nos yeux la tragique comédie de désintégration de ce qui reste de l'Etat libanais.
Effervescence diplomatique tout azimut avant le sommet de Ryad, sommet caractérisé par un faste démesuré faisant presque oublier la pauvreté et la misère qui frappe certains pays arabes, la Palestine, le Soudan, l'Irak et que sais-je encore.
Plusieurs rounds de négociations entre le Président du Parlement Nabih Berri et le chef de la majorité Saad El Dine Hariri. Le tribunal international, le gouvernement d'union nationale et la loi électorale étaient bel et bien au menu. Tout se passait, comme si enfin, sous l'impulsion des puissances régionales, tout devenait possible et qu'un troc pourrait avoir lieu dans l'intérêt du Liban.
La ficelle était grosse tout de même, et voilà, après Walid Bey et Doctor Geagea, Cheikh Saad el Dine se révèle un excellent snipper et tire à gogo enterrant l'espoir de la formation d'un gouvernement de compromis réunissant des personnalités politiques qui se haissent à mort. On ne peut plus parler dans ces conditions de gouvernement d'union nationale.
À la complexité de la situation actuelle vient se greffer l'épineuse question de la future élection présidentielle. Il est très difficile d'entrevoir la moindre lueur d'espoir. La majorité va de surenchère en surenchère, allume des feux de paille, et enterre les initiatives les unes après les autres. L'opposition coincée par l'impossibilité de pouvoir durcir le sit-in du centre-ville ville, est incapable de reprendre l'initiative et de proclamer la grève générale. Le gouvernement actuel, bâtard (sur un total de 24 ministres on dénombre 6 ministres démissionnaires, 1 ministre assassiné, et 1 ministre qui boycotte les réunions du conseil) avec un Siniora en porte à faux par rapport à sa majorité, fait fi de toutes les règles constitutionnelles libanaises et se comporte en monarque absolu.
Du moins pour le restant de son mandat.
Car il reste néanmoins une solution ultime entre les mains du Président de la République. La Constitution Libanaise lui donne le droit de procéder à la dissolution du Parlement. À condition que le Parlement ne se réunisse pas lors de sa session ordinaire. D'où la bataille actuelle déclenchée par les députés de la majorité afin d'obtenir du Président de la Chambre la convocation à cette session. De source très bien informée, il semblerait que cette hypothèse devient de plus en plus crédible.
Pour le moment Nabih Berri y est opposé. Jusqu'à quand ?
Le feu vert viendrait de certaines puissances régionales ? Et d'une unification des positions de l'opposition actuelle avec le Président Lahoud ?
Si toutes les démarches entreprises échouent, il est fort à parier que l'opposition sera obligée de reprendre la main. Pour la première fois, le général Aoun vient de mettre en garde contre une possible reprise de la guerre civile au Liban, d'ailleurs il a déclaré : "Si (la majorité) elle s’obstine à bafouer la Constitution et l’esprit consensuel, le pays se dirigera vers la catastrophe".
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